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Les arches échouées : sur la nature éphémère des musées

Les musées sont souvent perçus comme des structures solides et puissantes qui préservent la stabilité et la continuité historiques. Les musées d’histoire naturelle, en particulier, ont été assimilés à des gardiens de l’avenir de la diversité biologique, à des refuges contre des dommages irréversibles et à des symboles d’un idéal transcendant. Cette image entre toutefois en conflit avec leur nature éphémère. Les musées font en effet face à une double menace : d’abord les processus naturels de dégradation, et ensuite les événements catastrophiques et les changements de politique. C’est à ce dernier point que s’intéresse ce projet en analysant plusieurs cas de destructions (presque) complètes — mais pas toujours catastrophiques — de musées d’histoire naturelle, ainsi qu’aux processus mis en œuvre pour réparer les pertes. Il se focalise sur un ensemble restreint d’exemples emblématiques : a) le bombardement durant la Seconde Guerre mondiale et la rénovation finale du Musée d’histoire naturelle de Hambourg et du Hunterian Museum de Londres ; b) le démantèlement de l’Institut australien d’anatomie, Canberra (1985) ; c) l’incendie et les fouilles des ruines du Museu Nacional de Rio de Janeiro (2018). Le projet met en évidence certains des mécanismes de la préservation des objets dans des phases de transitions inhérentes à la lutte des humains contre les contingences de l’histoire. Mais il montre également comment, dans ce processus, la destruction est à la fois occultée et instrumentalisée pour restaurer le lien avec le passé et renforcer l’idée de perpétuation.

PROF. DR. DR. IRINA PODGORNY
CURRICULUM VITAE

Irina Podgorny est chercheuse au Conseil national argentin de la recherche scientifique et technique (CONICET). Elle a obtenu un doctorat en archéologie et en muséologie de l’Université de La Plata en 1994 avec une thèse sur l’histoire de ces disciplines. Elle a travaillé comme chercheuse à l’Institut Max Planck d’histoire des sciences. Elle a également été postdoctorante à Institut Ibéro-américain Berlin et au MAST (Museu de Astronomia) à Rio de Janeiro. Ses recherches actuelles se concentrent sur les extinctions historiques, la soie d’araignée et les musées détruits. Elle joint à ses études universitaires des collaborations avec des magazines culturels argentins et des artistes latino-américains. Boursière de la Fondation Humboldt et lauréate du prix Georg Forster, elle est également membre du comité de rédaction de Science in Context depuis 2003 et de History of Humanities depuis 2017.